vendredi 16 octobre 2015

Je dis M

On était passé sans transition de l'été à l'hiver.
Le froid glacial nous avait pris de court et il avait fallu retrouver sans tarder tous ces bouts de laine pour s'y enrouler.

Ce matin-là, je suis arrivée au tribunal pour mon divorce comme à la mairie pour mon mariage : en retard.
Pour une fois, il ne me l'a pas reproché, m'a simplement suggéré de retirer mon chapeau devant la juge.

Tout est allé très vite.
Nous avons ensuite descendu lentement les marches, sans un mot, sans un regard.

Un café et quelques banalités plus tard, j'ai fait une photo de la Seine pour me souvenir de ce moment. J'ai hésité à balancer mon alliance dans le fleuve, avant de me souvenir que je ne vivais pas dans un roman de David Foenkinos.
Je suis rentrée à pied, frigorifiée.
Dans ma poche, mon portable vibrait de messages bienveillants.
Il y avait le sien, surtout :

"Ton regard, c'est celui dans lequel on veut se lover, corps et âme.

Il est fait pour les hommes, il ne peut envelopper un garçon idiot ou simplement aveugle.

Il te fallait un noeud manqué. Tu l'as. Défais-le sans tristesse, et sois certaine - en libérant cet espace intime mal occupé, que tu ouvres une place dans laquelle seuls des hommes, des vrais, d'intelligence sensible et de profondeur pourront se fondre, s'il ont la chance et le privilège de croiser ton chemin, et ton regard."


J'ai soudain eu envie de respirer à pleins poumons.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire