vendredi 20 juin 2014

From Paris with love

Nous nous croiserons forcément un jour.
Paris n'est qu'un village.

Ce sera peut-être dans le métro, au croisement de ma nouvelle ligne et de la tienne.
Tu auras alors ton casque sur les oreilles et les yeux dans le vague.

Ce sera peut-être le soir tard sur un trottoir humide d'Oberkampf, puisque tu y as maintenant tes habitudes.
Je sais que mes yeux se poseront immédiatement sur ta main pour voir si, comme moi, tu portes encore ton alliance.

Est-ce que tu seras accompagné, en train de rire?
Est-ce que tu remarqueras immédiatement mes 3 kilos en moins que je ne peux pas reprendre?
Est-ce que tu me trouveras belle comme avant, malgré mes cernes et ma mauvaise mine?
Est-ce qu'on ira prendre un café comme deux vieux potes pour se raconter nos vies?
Mais surtout : est-ce que je saurai encore te reconnaître dans la foule?

mercredi 18 juin 2014

I'm a mess

Je veux la fièvre et le manque, le creux au ventre quand je l'aperçois.
Je veux tout lâcher, tout donner, tout sentir, être possédée, bouleversée et secouée.
Rien de tiède ou de mou, rien de vraiment raisonnable ou rassurant.
Pas de règles, pas d'habitudes, rien que des urgences et des surprises.
Un emballement, le coeur qui cogne et le corps dépassé.
La totale ou rien du tout.
L'ascenseur émotionnel plutôt que la sécurité et le confort.
Tout endurer mais ne rien rater.
Je ne saurai panser mes plaies qu'en vivant un temps dans un état second de plaisir, d'alcool, de soleil.
L'automne calmera bien assez tôt le flux brûlant de mes veines.
J'espère alors qu'il sera à mes côtés, encore, encore, encore.

Californication

Pendant que beaucoup de mes connaissances font du "relationnel" pour "booster" leur carrière dans le "digital", je préfère fumer des clopes toute seule à la fenêtre de mon perchoir.
Les gens m'ennuient vite en ce moment et je ne fais aucun effort.
Je ne supporte plus le langage de bureau qui s'immisce dans les conversations entre amis ("t'as eu le feedback de Matthieu à ce sujet d'ailleurs?" / "non je crois qu'il est archi booké").
Paris m'étouffe et je rêve de grands espaces.

J'ai préparé une playlist pour prendre la route : Foo Fighters, BRMC, Arcade Fire, Stereophonics, Temper Trap, Feeder, Dave Matthews Band.
Je n'ai pas pu m'empêcher de me dire qu'il aurait rajouté QOTSA, les Ramones et les Shins, évidemment.
Je voudrais conduire pendant des heures, arrêter la voiture au milieu d'un parking poussiéreux, boire un Dr Pepper en trouvant que c'est pas si dégueulasse, faire l'amour dans des motels et puis qui sait, peut-être me planquer pour ne jamais rentrer.
California dream.

mercredi 11 juin 2014

Un heureux événement

One year ago.
Sienne, 23h, je suis nue entre les draps froissés, suffisamment émêchée pour lui faire l'amour avec fièvre et le rendre complètement dingue.
Est-ce à cause de mon déhanché de la mort qu'il m'a murmuré "arrête la pilule, je veux un enfant avec toi"?

Les mois qui ont suivi, il était enchanté par cette perspective.
On se marrait, on faisait des plans sur la comète.
Alice pour une fille, Arthur pour un garçon, jamais d'école privée ou de catéchisme, et surtout, surtout, jamais de statut Facebook vantant les derniers bons mots ou exploits du marmot.
Il espérait qu'Alice me ressemblerait, j'espérais qu'Arthur aurait sa force et son humour.

Je ne suis pas tombée enceinte et il m'a laissée avec ce vide, ce creux, cette envie inassouvie.
Mes amis me regardent avec tendresse (ou pitié?) m'occuper de leurs enfants, les couvrir de cadeaux et de câlins, écouter leurs petits secrets et jouer à tous leurs jeux.
Ils me répètent que ça m'arrivera aussi, que je serai même "une putain de MILF".
Ils dédramatisent pour que j'oublie un petit peu mon rêve échoué et que je laisse derrière moi Alice, Arthur, et la famille que nous ne formerons jamais.

mardi 10 juin 2014

Pace e salute

Lorsque tout va mal, il m'arrive de me réfugier dans mes doux souvenirs d'enfance.

Je ferme les yeux, j'ai 4 ans et je suis en Corse au mois d'août.
Ma peau est bronzée, mes cheveux bouclés, je porte une petite main en corail autour du cou, cadeau de naissance typique pour les petites filles. Une photo retrouvée récemment témoigne de ce moment précis.
Je ne sais pas encore nager et pourtant je n'ai pas de bouée pour barboter dans l'eau transparente.
Ca fait rire mon père, ça inquiète ma mère.
J'aime à penser qu'à l'époque ils s'aimaient encore un peu, au point de me faire un petit frère cet été-là.
Il y a aussi ces odeurs que je n'oublierai jamais : le maquis, le sirop d'orgeat, le parfum au vetiver de mon père mêlé à celui de ses Kool qu'il fumait tout le temps.

Soudain les larmes coulent derrière les Rayban que mes amis m'ont offertes pour mon anniversaire. Ils voulaient que je sois belle cet été à la plage, je crois qu'ils sont loin d'imaginer que je m'en sers pour pleurer entre les stations Villiers et Stalingrad.