mercredi 17 décembre 2014

dimanche 7 décembre 2014

Passer l'hiver

Depuis quelques jours, tout s'est accéléré.
Le froid me pétrifie, les photos de sapins décorés se multiplient sur les réseaux sociaux et ma mère me demande ce que je voudrais pour Noël.
Mais cette année, ce que je veux ne s'achète pas.

Je voudrais décrocher ce travail qui me fait un peu rêver.
Je voudrais que les hommes de ma vie soient heureux, avec ou sans moi.
Je voudrais que ma grand-mère soit parmi nous.

Alors le 24, je mettrai quand même une jolie robe pour qu'elle me trouve élégante, où qu'elle soit, je boirai du champagne et je me concentrerai sur ce qu'elle m'a dit, quelques jours avant de s'éteindre :
"Il faut que tu l'oublies ton grand escogriffe, ce n'est pas un astre non plus".

Joyeux Noël.

mercredi 3 décembre 2014

Baby it's cold outside

Le 1er décembre, il m'offrait toujours un calendrier de l'Avent, le plus ringard possible.
On ouvrait consciencieusement les petites fenêtres chaque matin et on mangeait le petit chocolat fade.

Vers le 10 décembre, il revenait avec un sapin sur le dos, toujours bien trop grand pour notre petit salon.
Je râlais un peu, "on ne peut plus circuler dans cette maison", et puis je finissais par ressortir les boules et les guirlandes du placard.

A partir de cette date, il n'écoutait plus que les chants de Noël de She and Him.

Quelques jours plus tard, il insistait pour aller voir les vitrines des grands magasins.
Ca m'attendrissait de voir mon mari d'1m85, ceinture noire de jujitsu, redevenir un petit garçon émerveillé.

Et puis après, les repas gargantuesques, les cadeaux, les photos...

Et le 26 décembre, immanquablement, il me prenait dans ses bras et me disait "Alors c'est déjà fini Noël...?".

Bref, on était des gamins.

jeudi 9 octobre 2014

Paris en bouteilles

Je me souviens de ses yeux et de ses mains, de sa voix et de son rire.
Je me souviens des bouteilles de vin blanc qu'on buvait et des joints qu'on fumait, assis par terre dans son petit studio de la porte d'Auteuil.
Je me souviens des morceaux qu'il me faisait découvrir et que j'écoutais religieusement.
Je me souviens de nos discussions passionnées sur la vie, l'amour, des grands secrets qu'on partageait, de nos sourires entendus et de la mélodie parfaite de cette amitié.
Je me souviens de l'incendie au creux de mon ventre si par hasard il effleurait ma peau.

Et si il m'avait dit "Reste encore un peu..."

Et si un soir d'ivresse il m'avait embrassée

Et si on n'avait pas attendu toutes ces années pour lâcher les mots qui font barrage

Et si je m'étais laissée aller, est-ce que c'est ensemble qu'on ferait ce grand voyage?

jeudi 2 octobre 2014

La facture d'électricité

J'ai l'impression que vous avez attendu que le cap des 6 mois soit passé pour me dicter ce qu'il faudrait que je fasse.

"Il est temps de te reprendre en main, il va falloir demander le divorce si lui ne le fait pas, changer de boulot "parce que là tu t'encroûtes", arrêter de fumer, te remettre à la danse t'adores ça pourtant, et ça fait combien de temps que t'as pas vu une expo ou lu un livre en entier, hein? Et puis cette alliance, quand est-ce que tu vas la retirer? HEIN? C'est pour toi que je dis ça tu sais c'est mon rôle..."

J'ai le sourire de circonstance, je me lève tous les matins et j'arrive même à vous faire rire.
Alors évidemment, vous vous dites qu'il y a du mieux.
Mais si vous saviez putain. Si vous saviez...

lundi 22 septembre 2014

On était tellement de gauche

Texte retrouvé dans les tréfonds de mon Mac, écrit il y a 1 an.
La vie de bureau et l'envie d'en découdre.



Je te déteste.
Je déteste tout chez toi : ton costume mal taillé, tes chaussures poussiéreuses, tes poils dans le nez, ton haleine chargée.
Je veux dire, comment fait ta femme pour supporter ça ?
Si en fait je sais : elle doit te tromper.
Quand tu l’appelles de l’hôtel Mercure de Rouen, tu penses qu’elle est sagement en train de regarder un documentaire sur l’industrie du tabac ou sur les quartiers chauds de Marseille, alors qu’en fait un amant l’attend dans ton plumard.
Peut-être qu’il a un rire moins gras que le tien, moins de pellicules aussi ?

Quand tu m’as convoqué il y a un mois, et que tu m’as encore appelé « mon vieux », j’aurais pu t’égorger. Attraper le cutter en plastique qui te sert à ouvrir ton courrier de directeur commercial et te le planter dans le cœur.
Ou te faire bouffer ta cravate à motifs, au choix.

« Julien, mon vieux, faudrait voir à être un peu plus réactif ».
Tout, dans cette phrase, me donne envie de vomir.
Mais j’ai abrégé cette conversation pour sortir au plus vite de ton bureau.
Ce boulot m’épuise, me révulse. Son absurdité me déprime.
Qui se souviendra d’un commercial en cosmétiques si une catastrophe nucléaire se déclenche ?
Qui parvient à être « motivé », « investi », « réactif » après 8 ans à enculer les mouches dans des bureaux gris, au beau milieu d’une zone industrielle sinistre ?
Qui a encore envie d’aller déjeuner le midi, quand il s’agit en réalité d’aller réchauffer un plat préparé et d’échanger des banalités avec des collègues dont on se fout ?
J’ai envie de hurler, de choper un mec de mon âge dans le métro et de lui demander comment il fait pour avoir cet air serein et reposé, ce qui cloche avec moi.

J’ai 35 ans et je suis en train de dériver.
Si je ne fais pas attention, dans 15 ans je serai comme toi. J’appellerai mes collaborateurs « mon vieux » et je me laisserai pousser le ventre.

Alors ce matin, je me suis dit qu’il était temps.
Que cette blague avait assez duré et que c’était une question de santé mentale.
Quand je me suis invité dans ton bureau, tu t’es raclé la gorge et j’ai eu envie de te cogner.
Et puis je t’ai tout dit : je t’ai dit la nausée et la fatigue, le mépris et la violence.
J’ai vu quelques gouttes de sueur perler sur ton front et un instant je sais que tu as cru que j’allais t’en mettre une.
Tu m’as demandé de me calmer, de me reposer, de prendre quelques jours.
Tu m’as parlé de promotion, d’avancement, de challenges à relever, de primes et d’augmentation.
Tu as pensé que tu pourrais me raisonner, m’amadouer avec des promesses.
Dans mes yeux vitreux et mes cernes grises, tu as vu du surmenage mais pas du désespoir.
Dans mon discours, tu as vu un ras-le-bol, mais pas une urgence.
Tu n’as pas compris que je me fanais.
Alors tant pis, je suis parti.

J’ai tout laissé en plan, mes dossiers, mes mails « urgents », mon agenda.
Je ne sais pas de quoi seront faits les jours à venir.
Mais sans toi dans mon champ de vision, mon horizon est plus lumineux, mes poumons se gonflent, mon visage se décrispe.
Dès demain, je me remettrai en mouvement et j’irai voir ici ou là si le monde veut toujours de moi.


mercredi 3 septembre 2014

Et mes fesses, tu les aimes mes fesses?

Je ne fais plus rien au bureau depuis des mois et pourtant mon patron vante mes mérites à qui veut bien l'entendre.
J'ai perdu 4 kilos et les hommes se retournent quand même sur mon passage.
Je ne supporte plus mes fringues mais les petites filles s'extasient sur mes robes et mes chaussures.
Je me trouve livide alors qu'il paraît que j'ai un petit bronzage sexy.
Toutes mes amies sont jalouses de ma silhouette.
Plus je suis mélancolique plus on me trouve forte, plus je suis triste plus on me trouve drôle.

Rien de tout ça ne me suffit. Je longe les murs, je me cache dans mon uniforme jean-t-shirt-talons, je m'arrange pour éviter les miroirs et les balances, je me compare à toutes les autres et j'en crève.

Je connais les mots qui pourraient tout changer mais je ne dois pas les réclamer.
Je cherche à lui plaire et à le charmer. Le temps fera l'affaire, peut-être.

lundi 1 septembre 2014

La nausée

Il m'a dit l'autre jour "Mais tu sais bien que Paris est un vrai bordel. On est tous malheureux, insatisfaits, tout le monde trompe tout le monde".
C'est vrai et j'observe, immobile, tout ce qui se joue autour de moi.
Mensonges par omission, trahisons, manipulation, solitude.
On est tous le connard de quelqu'un et on a tous son pantin.
Paumés comme on est, on ne sait plus quoi faire pour exister.

Il y a celle qui rappelle son ex tous les 15 jours sous des prétextes de plus en plus absurdes. Il ne faudrait pas qu'il passe à autre chose.
Il y a celui qui mate le cul de la stagiaire et qui pense à elle le soir en faisant l'amour "à la mère de ses enfants".
Il y a celle qui n'aime plus son mec mais qui refuse de le quitter (le tromper est plus confortable).
Il y a celle qui défile contre le mariage des vilains pédés et qui va à la messe le dimanche mais qui s'est inscrite sur Gleeden pour découvrir la sodomie dans des hôtels de luxe.
Il y a celui qui profite de la gentillesse et de l'amour inconditionnel qu'elle lui porte pour se laisser vivre comme un ado de 15 ans.
Il y a ce couple que je croyais sain mais qui ne l'est pas tant que ça.

Je ne suis finalement pas assez cynique pour mon époque.
Et puis allez tous vous faire foutre.

Another love

J'aurais préféré qu'il me quitte pour une autre.
J'aurais voulu qu'il tombe amoureux, j'aurais admis qu'elle était plus belle, plus désirable, plus mystérieuse.
J'aurais pris une cuite avec L. et en riant entre mes larmes, je lui aurais dit "bah forcément elle a des gros seins, je ne fais pas le poids", on l'aurait traité de pute et envisagé d'aller lui casser la gueule, ça m'aurait fait du bien.
Je me serais inclinée, je me serais retirée en pensant que c'est le jeu de l'amour et des rencontres, je pense même que j'aurais souhaité qu'elle le rende heureux.
Il aurait eu le rôle du salopard et j'aurais expliqué à mes amis que non, que ça aurait pu m'arriver aussi, qu'on n'est pas plus forts que la vie.
Je me serais sentie seule, moche et conne, mais pas plus qu'aujourd'hui.
Oui, j'aurais préféré.

vendredi 18 juillet 2014

On m'a dit...

ça va aller
tu verras il reviendra
on est là n'hésite pas
garde le moral
crois en toi
le temps t'aidera
il s'en mordra les doigts, attends, une fille comme toi
quel con
quel lâche
quel enfoiré
c'est fou quand même
tu as la vie devant toi
flippe pas, t'es pas seule
tu vas refaire ta vie
on se relève de tout
un jour elles se refermeront, tes blessures
tu nous épates
on pense à toi tu sais
vous aviez l'air si bien je ne comprends rien
hauts les coeurs hauts les coeurs hauts les coeurs

mardi 8 juillet 2014

Lovely M.

Elle a 10 ans, l'âge que je préfère.
Elle me dit souvent "c'est pas graaaaave" et c'est vrai après tout.
Elle fait des petits bracelets en plastique qu'elle offre ou qu'elle garde précieusement comme autant de trésors.
Elle dit parfois "meuf" et "mec" mais elle dit "mon papa" et pas "mon père".
Elle fait beaucoup de câlins et on se dit "pourvu que ça dure".
Elle crie "Je t'accompagne!" dès que j'émets mollement l'idée d'aller au Monoprix du coin.
Elle me tient la main dans la rue et se réjouit à l'idée d'acheter des framboises.
Elle n'aime pas quand on lui dit qu'elle est sans doute un peu amoureuse de Kev Adams et pourtant...
Elle rit quand on utilise l'expression "sucrer les fraises", un peu moins quand elle doit aller se coucher.
Elle pleure quand elle est fatiguée et s'énerve quand elle ne comprend pas, comme moi.
Elle aimerait voir NYC.

Elle est une très jolie rencontre.

Insomnie

Trois heures. Cette fois c'est sûr, le sommeil ne viendra pas. Verre d'eau, cigarette à la fenêtre, l'air est frais et la pluie fine.

Trois heures quarante. Allongée sur le canapé, j'écoute un peu de musique en relisant ses textos. J'aime ses mots, tous ses mots.

Quatre heures. Je pense à cet ami parti faire le tour du monde, je me demande sur quel continent il se trouve, peut-être qu'il ne dort pas, et si je l'appelais? Oui mais non.

Quatre heures vingt. Bribes de rêves, demi-sommeil, souvenirs en vrac, tout se mélange pour créer une vague angoisse qui me propulse à nouveau vers la fenêtre avec mon petit briquet.

Quatre heures quarante. Je repense à nos nuits ensemble, à nos deux sommeils légers comme des plumes. Le moindre mouvement que j'esquissais le réveillait, le moindre bruit qu'il essayait de masquer me faisait rouvrir les yeux.

Cinq heures. En effet, Paris s'éveille à mes pieds. Je pleure d'épuisement et, roulée en boule, je sombre, enfin.


On ne refait pas sa vie, on continue seulement
On dort moins bien la nuit, on écoute patiemment
De la maison les bruits, du dehors l'effondrement


mercredi 2 juillet 2014

Memories

Je me souviens de nos dernières vacances, de notre dernier jour de l'an, de notre dernier grand projet, de notre dernière dispute évidemment.

Mais même en fermant les yeux très fort dans les silences de mes insomnies, il y a des dernières fois dont je ne me souviens pas.

Le dernier baiser dans le cou
Le dernier "à ce soir"
Le dernier fou rire
Le dernier "je t'aime"
Le dernier "t'es con"
Le dernier film
Le dernier "t'es belle"
La toute dernière fois

Tout est flou et c'est sans doute mieux.
Ces millions de petites choses ont enchanté ma vie et forment aujourd'hui un grand souvenir joyeux sur lequel je m'efforce de porter un regard tendre, amusé, bienveillant.

Faudrait que t'arrives à en parler au passé
Faudrait que t'arrives à ne plus penser à ça
Faudrait que tu l'oublies à longueur de journée

vendredi 20 juin 2014

From Paris with love

Nous nous croiserons forcément un jour.
Paris n'est qu'un village.

Ce sera peut-être dans le métro, au croisement de ma nouvelle ligne et de la tienne.
Tu auras alors ton casque sur les oreilles et les yeux dans le vague.

Ce sera peut-être le soir tard sur un trottoir humide d'Oberkampf, puisque tu y as maintenant tes habitudes.
Je sais que mes yeux se poseront immédiatement sur ta main pour voir si, comme moi, tu portes encore ton alliance.

Est-ce que tu seras accompagné, en train de rire?
Est-ce que tu remarqueras immédiatement mes 3 kilos en moins que je ne peux pas reprendre?
Est-ce que tu me trouveras belle comme avant, malgré mes cernes et ma mauvaise mine?
Est-ce qu'on ira prendre un café comme deux vieux potes pour se raconter nos vies?
Mais surtout : est-ce que je saurai encore te reconnaître dans la foule?

mercredi 18 juin 2014

I'm a mess

Je veux la fièvre et le manque, le creux au ventre quand je l'aperçois.
Je veux tout lâcher, tout donner, tout sentir, être possédée, bouleversée et secouée.
Rien de tiède ou de mou, rien de vraiment raisonnable ou rassurant.
Pas de règles, pas d'habitudes, rien que des urgences et des surprises.
Un emballement, le coeur qui cogne et le corps dépassé.
La totale ou rien du tout.
L'ascenseur émotionnel plutôt que la sécurité et le confort.
Tout endurer mais ne rien rater.
Je ne saurai panser mes plaies qu'en vivant un temps dans un état second de plaisir, d'alcool, de soleil.
L'automne calmera bien assez tôt le flux brûlant de mes veines.
J'espère alors qu'il sera à mes côtés, encore, encore, encore.

Californication

Pendant que beaucoup de mes connaissances font du "relationnel" pour "booster" leur carrière dans le "digital", je préfère fumer des clopes toute seule à la fenêtre de mon perchoir.
Les gens m'ennuient vite en ce moment et je ne fais aucun effort.
Je ne supporte plus le langage de bureau qui s'immisce dans les conversations entre amis ("t'as eu le feedback de Matthieu à ce sujet d'ailleurs?" / "non je crois qu'il est archi booké").
Paris m'étouffe et je rêve de grands espaces.

J'ai préparé une playlist pour prendre la route : Foo Fighters, BRMC, Arcade Fire, Stereophonics, Temper Trap, Feeder, Dave Matthews Band.
Je n'ai pas pu m'empêcher de me dire qu'il aurait rajouté QOTSA, les Ramones et les Shins, évidemment.
Je voudrais conduire pendant des heures, arrêter la voiture au milieu d'un parking poussiéreux, boire un Dr Pepper en trouvant que c'est pas si dégueulasse, faire l'amour dans des motels et puis qui sait, peut-être me planquer pour ne jamais rentrer.
California dream.

mercredi 11 juin 2014

Un heureux événement

One year ago.
Sienne, 23h, je suis nue entre les draps froissés, suffisamment émêchée pour lui faire l'amour avec fièvre et le rendre complètement dingue.
Est-ce à cause de mon déhanché de la mort qu'il m'a murmuré "arrête la pilule, je veux un enfant avec toi"?

Les mois qui ont suivi, il était enchanté par cette perspective.
On se marrait, on faisait des plans sur la comète.
Alice pour une fille, Arthur pour un garçon, jamais d'école privée ou de catéchisme, et surtout, surtout, jamais de statut Facebook vantant les derniers bons mots ou exploits du marmot.
Il espérait qu'Alice me ressemblerait, j'espérais qu'Arthur aurait sa force et son humour.

Je ne suis pas tombée enceinte et il m'a laissée avec ce vide, ce creux, cette envie inassouvie.
Mes amis me regardent avec tendresse (ou pitié?) m'occuper de leurs enfants, les couvrir de cadeaux et de câlins, écouter leurs petits secrets et jouer à tous leurs jeux.
Ils me répètent que ça m'arrivera aussi, que je serai même "une putain de MILF".
Ils dédramatisent pour que j'oublie un petit peu mon rêve échoué et que je laisse derrière moi Alice, Arthur, et la famille que nous ne formerons jamais.

mardi 10 juin 2014

Pace e salute

Lorsque tout va mal, il m'arrive de me réfugier dans mes doux souvenirs d'enfance.

Je ferme les yeux, j'ai 4 ans et je suis en Corse au mois d'août.
Ma peau est bronzée, mes cheveux bouclés, je porte une petite main en corail autour du cou, cadeau de naissance typique pour les petites filles. Une photo retrouvée récemment témoigne de ce moment précis.
Je ne sais pas encore nager et pourtant je n'ai pas de bouée pour barboter dans l'eau transparente.
Ca fait rire mon père, ça inquiète ma mère.
J'aime à penser qu'à l'époque ils s'aimaient encore un peu, au point de me faire un petit frère cet été-là.
Il y a aussi ces odeurs que je n'oublierai jamais : le maquis, le sirop d'orgeat, le parfum au vetiver de mon père mêlé à celui de ses Kool qu'il fumait tout le temps.

Soudain les larmes coulent derrière les Rayban que mes amis m'ont offertes pour mon anniversaire. Ils voulaient que je sois belle cet été à la plage, je crois qu'ils sont loin d'imaginer que je m'en sers pour pleurer entre les stations Villiers et Stalingrad.

mardi 27 mai 2014

Douze fois par an

C'est ce genre de journée où personne ne peut rien pour toi.

Tu pars de chez toi en te trouvant mal sapée mal coiffée mal réveillée, moche, sans intérêt.
Tout t'agace, t'oppresse, t'étouffe, t'angoisse, te serre la gorge et le coeur, te donne la gerbe.
Et puis la pluie, la monotonie, la fatigue.
Les heures s'écoulent lentement, grises et pénibles, sans magie et sans énergie. Moroses.
Tu te dis que tu voudrais être dans ton lit, sur une plage, n'importe où mais pas ici.
Tu te détestes encore plus d'être si négative, si irritable, et pourtant tu cherches un peu la merde avec ta collègue, ton mec, faut bien passer ses nerfs.

C'est ce genre de journée où tu es une chieuse, une vraie, mais où il ne faut surtout pas te le dire.

jeudi 15 mai 2014

Instants exquis

Ces derniers jours j'ai aimé...

Le coup de fil de Y. "pour rien" et son "Allez bonne journée ma grande"

Voir les jours s'étirer et le printemps s'imposer

Ses yeux, sa bouche, sa voix

Faire des plans sur la comète pour cet été, et pour ma vie

Boire en terrasse avec une amie et trinquer à la vie et ses contretemps, décider qu'il vaut mieux en rire

Le regard de cet homme croisé dans la rue qui voulait dire "toi si je t'attrape..."


mardi 13 mai 2014

Et dans ces moments-là

Je peux m'assombrir en une seconde. Il suffit d'un rien, une chanson, un homme qui porte son prénom ou son parfum, une affiche dans le métro, une odeur, une silhouette. Dans ces moments-là, mon coeur se serre et l'angoisse prend le pas sur tout le reste. Peu de personnes remarquent quand je bascule. Je suis la championne du sourire de circonstance, de l'autodérision. J'ai appris à faire bonne figure comme on apprend à nager. De même qu'on ne divorce pas chez les bourgeois de province, on ne s'apitoie pas sur son sort dans ma famille. On "fait face", c'est quand même plus élégant hein? Une bonne tape dans le dos et roulez jeunesse. "Ya pire ya le cancer", m'a dit mon père. Evidemment,oui. Alors il n'y a que quand je suis seule, roulée en boule au fond de mon lit, que je peux laisser libre cours à mes sanglots de petite fille perdue. J'espère seulement qu'un jour je saurai pleurer accompagnée.

lundi 5 mai 2014

Dans 3 semaines

Ce matin, je marchais sur les trottoirs de ma petite banlieue chic et j'ai senti monter les larmes légères de la mélancolie.
Alors que je saluais le cordonnier, puis le voisin, j'ai réalisé que dans 3 semaines, ce ne serait plus ma ville.
Je suis passée devant la mairie de notre mariage et j'ai songé que je ne dirais plus "chez nous" mais "chez moi".

Il faudra mettre de la couleur sur les murs de mon futur perchoir, laisser les fenêtres ouvertes pour laisser entrer la lumière et ne jamais, jamais couper la musique.
Il faudra que les copains passent sans prévenir, qu'il y ait de la vie et des rires, que les voisins se plaignent un peu de la nouvelle du 7ème.

Un appartement pour réapprendre à vivre, rire, s'aimer. Aimer, surtout.


mercredi 30 avril 2014

Jealous of your cigarette

Elles sont les virgules de ma vie.

Celle que j'allume seule le soir à la fenêtre en écoutant une chanson.
Celle que je grille dans la rue en attendant un amoureux, un ami, ou juste parce que j'ai 7 minutes devant moi.
Celles qu'on enchaîne en terrasse, au milieu des verres et des rires.
Celle sur laquelle on se jette quand la vie nous met à terre.
Celle d'après l'amour, nonchalante.
Celle qu'on offre à un passant parce qu'on sait ce que c'est et à quel point c'est bon.

J'ai arrêté pendant 8 mois, j'ai repris de plus belle, vous m'aviez manqué, mes belles.

mardi 8 avril 2014

Black Swan

Je tends mes pointes de pieds jusqu'à me faire mal, je tiens mon grand écart jusqu'à la crampe et le fameux Y plusieurs minutes.
Ton arabesque est parfaite me dit-elle.
Petite satisfaction de petite fille sage.
Dans les vestiaires, je défais mon chignon et j'observe les autres du coin de l'oeil.
A. a un joli petit cul mais une vilaine peau. C. est toute petite mais a de jolis seins.
S. est tout simplement magnifique.
Je me demande si comme moi, elles perçoivent ce désir dans les yeux des hommes à qui elles disent qu'elles pratiquent la danse classique.
Petites salopes.

lundi 7 avril 2014

L'inconstant


J'ai espéré qu'il m'envoie ces mots d'Etienne Daho.

"Bien sûr j'ai voulu partir
Mais c'est moi que je voulais fuir
Dans l'inconstance, la licence, le plaisir et les substituts de toi
Plonger cent fois
Apaiser la crainte du vide, dans l'erreur, dans l'inaptitude au bonheur
Bien sûr si j'ai fait le con, tu as mille fois raison
De perdre confiance
Mais je dompterai l'orgueil et braverai mes peurs
Et cette fièvre que l'on pardonne à la jeunesse
Désapprendre tout pour réapprendre tout de toi
Dans ta lumière et dans tes pas
Je me fous de ce qu'on dira
Et de ce qu'on pensera de moi
Je veux faire exploser mes chaînes
Et tous les boulets que je traîne

Bien sûr si j'ai fait le con
Eternellement vagabond 
En déroute
Je t'ai dans la tête et le sang
Ailleurs, je ne cherchais que toi
Et dans tes bras
Délesté du poison du doute
Désapprendre tout pour réapprendre tout de toi"

Je ne les ai jamais reçus, évidemment.
Pas de miracle dans ma boîte mail, pas de sérénade sous mon balcon.

Un autre a su m'envoyer des mots qui font naître un sourire.
J'ai trouvé que le timing était joli, que la lumière était douce, j'ai senti que la vie reprenait ses droits.







vendredi 4 avril 2014

Je vais bien ne t'en fais pas


Entre nous on s'appelle "dickhead", "tête de pou", "vieux putois".
Il aime le jazz et moi le rock, le vin rouge et moi le vin blanc.
Ses yeux sont aussi bleus que les miens sont noirs, il fuit le soleil alors que j'expose mon corps au moindre petit rayon.
Il a peur de la maladie et moi du vide.
Je fume autant qu'il fait du sport.
Il rêve de vivre à Brooklyn et moi à Venice Beach.

Tous les deux, on aime Paris, la Corse, les livres et les derniers verres. Ensemble ou séparément.

Quand N. m'a quittée, il m'a laissé son appartement en me disant qu'il préférait me savoir chez lui. Je n'ai pas trop compris mais pas trop protesté non plus. Dans son quartier que je connaissais encore très mal, j'ai repris des couleurs et quelques kilos. 

Tous les jours, il m'écrit ou m'appelle et s'assure que je suis toujours debout.

Et invariablement, je lui réponds "Je vais bien ne t'en fais pas".

Mon frère.